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11 mars 2011

Les intranets digèrent les outils du Web 2.0


 Hier simples répertoires des documents de l'entreprise, les intranets muent vers des outils plus collaboratifs, plus sociaux, en digérant les concepts issus du Web 2.0. Une mutation impérative au risque d'être peu à peu marginalisés.



Crédit: iStockPhoto Le terme même d'intranet, ces réseaux internes d'entreprise construits sur les standards d'Internet, paraît aujourd'hui désuet, au point que certains lui préfèrent d'autres appellations, comme portail. Comme le relève la consultante de NetStrategy Jane McConnell, qui depuis 2006 suit au travers d'une étude l'évolution de ces outils, "dans certaines organisations, l'intranet est en train de s'essouffler à mesure que les media collaboratifs et sociaux sont déployés et viennent le concurrencer. Dans de nombreuses organisations, il existe un besoin urgent de définir une nouvelle stratégie globale pour cet espace de travail". Autrement dit, un besoin d'articuler ces intranets, construits avant tout autour de bases documentaires, avec les fonctions issues de ce qu'on appelle le Web 2.0, qui font de l'utilisateur non plus un simple consommateur d'information mais également un acteur de la construction de cette dernière.

Dans cette étude (Global Intranet trends 2011), menée auprès de 440 entreprises dans le monde, la mutation semble d'ailleurs largement engagée. Ainsi, 30 % des organisations sondées expliquent que leur intranet est déjà soit un outil pleinement collaboratif, soit en intègre certaines fonctions. 40 % des entreprises interrogées se sont, elles, contentées de jeter des ponts entre leur intranet et leurs outils collaboratifs, déployés par ailleurs.

Non plus des filiales, mais des "tribus"
Cette irruption du Web 2.0 apparaît aussi nettement dans le palmarès de la 13ème édition du prix Intranet, organisé par le groupe Cegos et récompensant les meilleurs projets en la matière. En novembre dernier, le jury de ce prix a ainsi distingué le groupe Pierre & Vacances Center Parcs pour son projet "Kit"  précisément inspiré d'un modèle de réseau social. Les filiales y sont d'ailleurs baptisées "tribus". L'objectif affiché par ce groupe européen (plus de 9 000 personnes) étant de renforcer les échanges entre ces "tribus", la société n'ayant pas hésité à humaniser ces communautés par le recours à la vidéo notamment. Le site recueille 20 000 visites par mois. Au-delà de cet exemple emblématique et faute de budget suffisant, la tendance est plutôt à l'expérimentation sur des communautés bien identifiées ou sur des projets de développement, signale le groupe Cegos.
Favoriser l'évolution professionnelle.
Ces évolutions bouleversent la notion même d'intranet. Comme le note NetStrategy, ce dernier devient plus centré sur l'utilisateur, à mesure qu'il intègre des espaces collaboratifs ou sociaux. Possibilité de participer à  des communautés publiques ou restreintes (afin d'échanger entre pairs ou structurer et partager les connaissances métiers de l'entreprise) ou de prendre en main son évolution professionnelle au sein de l'organisation (auto-évaluation, parcours de mobilité interne, accès à des sessions de formation...). Pour certaines organisations, ce dernier point revêt une importance stratégique, notamment dans des entreprises fortement tournées vers la technique et touchées par une vague de départs à la retraite. C'est ainsi le cas d'ERDF, avec son projet "e-compagnonnage", également lauréat du dernier prix Intranet, ou de la branche Infrastructure de la SNCF.

Cette inflexion vers des intranets plus sociaux rejoint d'ailleurs celle consistant à muer l'intranet en véritable outil de travail, regroupant les informations ciblées nécessaires au travail quotidien de tel ou tel utilisateur (via des technologies permettant d'afficher de petits modules poussant des données venant d'autres applications : ERP, décisionnel, etc.). Reste à organiser et piloter cette mutation de l'intranet en espace de travail Web, "ensemble d'informations, d'outils collaboratifs et de communication, d'applications métiers ainsi que d'environnements réseaux personnels et professionnels nécessaires au travail d'un individu", selon la définition qu'en donne Jane McConnell. Et à tenir le cap. Car, comme l'explique l'étude de NetStrategy, il faut compter entre 2 et 3 ans avant que les apports des médias sociaux ne commencent à être perçus par l'organisation.





Par: Reynald Fléchaux

 

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